Cover Promenade

Mardi 16 novembre 2013 : Espace Temps Ozoir-la-Ferrière
Signature de "Promenade avec mon chien et mon bestseller" de Cyril Aslan et personnalisation du livre par les VLP signataires de la couverture.
De 9H à 18H.



Mardi 5 novembre 2013 : Book Party N°2 – Suspense chez Léa
Dédicace de "Promenade avec mon chien et mon bestseller" de Cyril Aslan et personnalisation du livre par les VLP signataires de la couverture.
A partir de 18H.
à la Librairie Libres Champs
18 rue le Verrier Paris 6e (M) Port-Royal de 18 h à 21 h.



Mosner

Mardi 18 décembre 2012 : Lancement By Courtesy International
à la Librairie Libres Champs

18 rue le Verrier Paris 6e (M) Port-Royal de 18 h à 21 h.



CAFÉ LITTÉRAIRE AU SALON D'AUTOMNE DE VILLECRESNES

Samedi 24 Novembre 2012





SALON INTERNATIONAL DU LIVRE GOURMAND DE PÉRIGUEUX

Du 16 au 18 Novembre 2012





SALON SAVOIR ET SAVEURS DE ROANNE

Samedi 20 et Dimanche 21 Octobre 2012





Suivez l'épopée éditoriale de Cyril Skinazy

"PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER"

"Les écrivains qui vendent eux-mêmes leur livre ne courent pas les rues. Proposer son roman de porte en porte est un exercice qui demande à la fois courage et assurance. Mais à l’instar d’exemples célèbres, que ce soit Walt Whitman ou Mary Baker Eddy, vendre son livre peut devenir une aventure métaphysique de haute volée. Aussi bien par le discours qui s’affine à chaque tentative, le stimulant dialogue intérieur, que par les rencontres étonnantes qui jalonnent le chemin, diffuser son ouvrage directement au lecteur s’avère au bout du compte un véritable parcours initiatique. Non content d’avoir écrit un roman, « Abrakadakebab », à la fois captivant et d’une grande teneur stylistique Cyril Aslan Skinazy le vend lui-même en tout lieu, en toute place. Il le vend avec foi, il le vend avec passion, il le vend avec un enthousiasme si communicatif qu’une autre histoire est en train d’émerger, parallèle à celle du livre. Chaque jour de la confrontation avec ce nouveau public naissent des histoires qu’il a d’ores et déjà commencé à raconter. Des histoires qui devraient susciter la foi chez tout écrivain en quête de succès."
Cyril A. Skinazy



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Mardi 12 juin 2012 : Bouquins, baigneuses et bains de soleil
Archibald & Archibald, les Editions du moteur et Stéphane Million Editeur vous invitent à découvrir leurs auteurs
Lectures, signatures et performances de Jérôme Attal, Cyril Aslan Skinazy, Sophie Adriansen, Fanny Salmeron, Valérie Zenatti, Renaud Santamaria, Frédérique Deguelt, et Arnaud le Guilcher
Avec la participation des artistes VLP, JL Duez (Amour), Denis Bernardi, Pierre Grégori, Béatrice Lecomte, Nathalie De La Granville et Valya Page
Librairie Libres-Champs
18 rue le Verrier, Paris 6e (Métro Port-Royal)
de 17 à 23 heures.
Illustration: Jeanne-Marie Kneuse
Avec le soutien de www.saucesamourai.com



CHAPITRE 12 : BRAQUAGE LITTÉRAIRE
Nous évoluons dans un océan de forces absolument sidérant. Le monde visible déjà plein de surprises n’est qu’un piètre indicateur de sa complexité. Ce que nous voyons, riche de profonds mystères doit nous convaincre de l’évidence de ce qui se dérobe à nos yeux. Le véritable enjeu n’est plus depuis belle lurette d’agir sur les manifestations des choses mais bien sur leur essence, tout ce qui préside à leur venue. Il est désormais clair que ce que ce à quoi nous pensons, à des degrés divers nous approche inéluctablement jusque parfois nous atteindre dans la réalité physique. Si « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue » nos états d’esprit, nos sentiments constituent le premier pouvoir, celui dont nous sommes les seuls maîtres et sur lequel nous avons toute liberté d’agir. A nous de jouer. La plupart du temps ce jeu se fait contre toute une série d’évidences qui nous signifient que ce que nous voulons ne se peut pas, une force d’intimidation qui se dresse menaçante contre nos désirs. Or ne nous trompons pas : cette force n’est pas à l’extérieur de nous, elle est en nous et peut être déjouée à tout instant. A tout instant. Et c’est ce que raconte, en se servant de tout ce qui a été pensé et éprouvé depuis des millénaires, Abraham Hicks conférencière et écrivain américain dont les drôles et brillantes causeries suscitent un enthousiasme grandissant. Abraham Hicks a suffisamment d’humour pour anticiper les doutes et les railleries des sceptiques. Elle ne prétend pas œuvrer avec les outils de la raison mais avec ceux de l’expérience et des résultats fantastiques dont viennent témoigner ses adeptes. Le principe qui sert de base à sa philosophie, sa méthode ou plus simplement sa vision de l’existence se nomme le Vortex. Il s’agit d’un état d’être défini par un certain niveau vibratoire, état que nous intégrons ou quittons incessamment et qui ne peut s’obtenir que lorsque par le calme absolu nous réussissons à maintenir à distance toute émotion négative. Après les conférences de Jim Rohn, Anthony Robbins, Jack Canfield j’écoute les exposés de Madame Hicks qui reprend les mêmes principes que ces célébrités du développement personnel, le Vortex en plus. Je dois dire que cette histoire de Vortex est assez captivante. Au lieu de s’évertuer à agir dans le monde physique, objet de luttes constantes, en place de tenter de modifier les événements par un travail harassant et la volonté, on peut commencer à jouer avec les forces occultes. Une aventure palpitante il faut le dire. Et sur ce point l’aube de l’humanité ne fait que commencer. La vente quotidienne de mon livre constitue un exercice parfait pour éprouver ces principes. Il y a deux jours je vais à l’une de mes agences bancaires un roman sous le bras. A l’employé du guichet je demande à parler à ma « conseillère ». Quelques minutes plus tard elle apparaît et je m’aperçois que ce n’est plus celle que je connaissais. Qu’importe je lui présente le livre et me lance dans une démonstration hautement poétique du thème du roman et surtout de la façon dont je le vend. Je conclu par un « Lisez-vous ? » radieux. Elle me dit que oui puis enchaîne par : Comme ce matin j’ai vendu tout un paquet de livres chez Gibert je vais vous le prendre, puis-je avoir une dédicace ? ».
Hier j’envisage d’attaquer une autre banque. Armé de ma bombe littéraire je pénètre dans l’agence l’air détaché, souriant à la file de clients aux airs abattus et contrits. Juste devant moi un type, une carte bleue à la main se lamente à haute voix. Sur le côté un homme en haillon assis balance sa jambe en diffusant des relents d’urine. A côté une fille me lance des regards méfiants comme si elle me soupçonnait d’un sombre dessein. L’ambiance est si pesante que j’envisage déjà de renoncer à mon projet. Lorsque vient mon tour cependant je me renseigne sur le moral du guichetier qui semble un peu écrasé par l’afflux de visiteurs. Je fais un retrait en espèces et au moment ou je signe le bordereau je pose bien en évidence le livre sur le comptoir, debout en lui lançant « C’est mon dernier roman ! » ; Il se fige en proie à l’étonnement le plus vif. Je ne suis pas sûr d’avoir jusqu’à cet instant précis joui à ses yeux d’une grande considération. Mais là je le sens tout à coup plus attentif et malgré la queue qui s’allonge nous discutons comme si nous étions au café. Je finis par lui dire que je vends le roman en direct. « Vous me l’achetez ? » Dans la file compacte les clients sont un peu médusés et au lieu de s’énerver commencent à s’amuser. « Comment voulez-vous être payé ? » il me demande.
« En espèces ! »
« Ah je n’ai pas d’espèces ».
Là je ne laisse pas passer la vente et accepte qu’il me fasse un chèque. Et pendant qu’il le remplit je lui fais une dédicace. « A Romuald, homme patient qui appréciera la compagnie élégante de Trabalzar, le héros de ce livre ». Je sors avec le sentiment légèrement triomphant d’être devenu à ma propre surprise, un serial braqueur littéraire.



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CHAPITRE 11 : NE REVENDEZ PAS CE LIVRE, UN JOUR IL VAUDRA UNE FORTUNE
Ce matin je me réveille avec une idée dont la formulation pourrait constituer un bon titre de livre : Ne revendez pas ce livre, un jour il vaudra une fortune. Accessoirement on peut appeler ce genre de postulat une prédiction auto-réalisatrice. Cela me plaît assez. Evidemment un nombre important de gens sera prompt à se gausser d’une telle affirmation. Mais outre le fait qu’elle peut s’avérer payante dans un monde où la moindre intuition se trouve soumise aux feux du doute et du dénigrement populaire il n’est pas inutile de la justifier.
S’il est une chose particulièrement déprimante pour un écrivain c’est bien de voir l’un de ses livres proposé à un prix dérisoire sur l’étal d’un soldeur. Quand cela arrive c’est que la rencontre entre le livre et son précédent propriétaire n’a pas eu lieu, et même que parfois le livre n’a même pas été lu, à peine feuilleté.
C’est pour contrer cette sombre perspective que j’imagine ce mot d’accompagnement tamponné en dédicace sur la page de garde ou dessiné en gros sur l’emballage à l’attention de la presse. Qu’au moins s’ils ne lisent pas le livre ils le conservent précieusement, le temps fera son affaire, et qui sait, un jour peut-être ils se décideront à l’ouvrir et s’y plongeront avec délectation ou effroi mais ne le lâcheront pas avant qu’ils en aient tourné la dernière page.
Le traitement que vous infligez à vos productions dénote la façon dont vous vous traitez vous-mêmes. Lorsque vous avez mis beaucoup de temps, d’énergie, d’enthousiasme et de soin à confectionner quelque chose, que ce soit un texte, un gâteau ou une peinture vous vous devez de défendre cette œuvre du mieux que vous pouvez, de la présenter aux yeux des autres comme une chose précieuse. Cela conduit bien sûr à ne pas la brader.
Nous savons maintenant que le volume des productions humaines de qualité augmente de façon très lente alors que dans le même temps la quantité de masse monétaire n’a cessé d’augmenter. Ce qui devient rare contrairement à ce que certains essaient de nous faire croire ce n’est pas l’argent mais bien les beaux objets et les œuvres de l’esprit.
L’humanité est assoiffée de ces œuvres et d’idées pour entrer dans son âge d’or, sa nouvelle Renaissance. Il faut les montrer, les proposer, les expliquer et quand cela est possible les rendre accessible au plus grand nombre. C’est fort de ces pensées d’exception que hier je vais présenter la seconde édition d’Abrakadakebab ou les aventures de Trabalzar avec sa nouvelle couverture en belles lettres rouges sur fond crème. Je vends immédiatement le livre à une femme qui m’avait dit non avec l’édition précédente. Elle me demande une signature (ma dédicace fait comme d’habitude une page et je manque de ne mettre qu’un n à « personnalité » peut-être parce que je m’imagine signer en anglais mon best-seller). Je lui dis que je reviendrai pour le Tome 2 et elle rit à gorge déployée. Je la quitte avec l’impression qu’elle ne regrette pas son achat et que l’éventualité de ma future célébrité ne lui apparaît pas comme farfelue. Puis c’est le pharmacien qui me le prend également sans hésiter. « Je lis beaucoup me confie-t-il d’un ton détaché, j’ai quatre ou cinq livres d’avance ».
Je remonte en voiture content d’être accompagné de mon beau livre. Mon chien remue la queue. Lui aussi est persuadé qu’un jour il vaudra une fortune.

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Jeudi 19 avril 2012 : UN AMOUR DE CARTON
A l’occasion de la sortie de la seconde édition de "Abrakadakebab ou les aventures de Trabalzar" de Cyril Aslan Skinazy, Little Kim & Pierre Grégori investissent l’exposition « Interfaces » de Olivier Catté.
Concours de moustaches, Cocktails Taste of a Baby et Loukoums
de 18 à 21 heures (précises!)
GALERIE ALEXANDRE LAZAREW
14, rue du Perche (croisement rue Vieille du Temple)
Paris 3e - Métro Saint-Paul



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Jeudi 03 mai 2012 : Lecture et signature du roman Abrakadabrakebab
La Librairie de l'Eternel retour
77 rue Lamarck, Paris 18e
de 17 à 21 heures.



CHAPITRE 5 : PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER
Il y a des jours où vous préféreriez ne pas exister tellement la réalité est âpre et ingrate. Pourtant Il y a pire. Mais ce n’est pas une raison. Je pars en début d’après-midi en pantalon anglais fraîchement repassé, mon pull col roulé en cachemire, mon blazer, mon écharpe crème à motifs étrusques, ma casquette de détective et sans mon chien. Il faut dire qu’il fait un temps à ruminer les plus noires pensées. A propos de fidèle compagnon on se croirait dans le chien des Baskerville de Conan Doyle justement. Et pour compléter le tableau un lancinant vague à l’âme me saisit à cause d’une fille qui a réduit ma tête comme celle d’un Jivaro.Je pense à cette chanson de Cumpay Segundo « Si no me quieres ya me lo dice rapidito porque yo ne quiero tener la cabeza de este animalito » « Si tu ne m’aimes plus dis le moi rapidement parce que je ne veux pas que ma tête ressemble à celle de ce petit animal » Réjouissant ! J’ai rendez-vous avec le Roi du kebab. Que dis-je ? L’Empereur du kebab. « Je crois savoir que vous êtes le N°1 en France », ai-je lancé au téléphone et à poil car j’étais sorti précipitamment de mon bain. En fait j’avais pas dit N°1 j’avais pompeusement balancé « éminence grise ». Eminence grise pour un fabricant de Döner Kebab n’était-ce pas un peu excessif ? Mais il avait compris et m’avait aussitôt repris : « Non pas en France, on peut dire en Europe ! » Comme il ne semblait pas y avoir la moindre nuance de vantardise dans sa voix j’ai su que j’avais affaire à du lourd.
Il est trois heures moins vingt lorsque je monte dans la rame de métro qui va à Bobigny. Je saisis la barre juste à côté d’une fille blonde avec des yeux couleur lagon. Je me regarde dans la vitre et arrêtez de dire que c’est du narcissisme…Non je vérifie simplement si je suis présentable. Et la réponse est plutôt positive, je suis stylé. Je ne tarde pas à en avoir la preuve car malgré mon âme un peu sombre je remarque le trouble de la fille, les ondes de désir qu’elle m’envoie et qui m’enveloppent. Je plonge dans son regard qui s’échappe et revient.
Le destin ne m’aura accordé que peu de temps pour me décider, contrarier mes réticences. Elle veut passer pour descendre à Stalingrad et me lance un « pardon » en me fixant droit dans les yeux. Je m’écarte en lui adressant un grand sourire qui la fait hésiter. Je l’aperçois sur le quai, elle semble avoir des regrets. Moi aussi.
J’arrive au terminus. A une minute près à l’heure. Je me dis que flirter avec la fille m’aurait trop retardé. Excuse bidon pour me donner bonne conscience de ne pas l’avoir abordée.
Il tombe une pluie froide de champ de bataille. Cette sortie de métro laide comme la mort porte le nom de Pablo Picasso. On aurait dû l’appeler Guernica.
Comme il m’a proposé de venir me chercher j’appelle mon kébabier. Il ne répond pas alors je lui laisse un message. J’ai une sévère envie de pisser. la pluie glacée je demande à une femme ou je peux trouver un café. Elle m’indique l’entrée souterraine du centre commercial. Je vois vite qu’elle m’a pris pour un con, c’est la sortie d’un parking. Le téléphone sonne. C’est le Sultan du kebab. Il sera là dans dix minutes.
Je me mets en quête d’un café pour me soulager comme il se doit. J’en trouve un qui porte ce nom mais on ne peut rien y laisser. Ici tout est à emporter.
Je finis par trouver un recoin à l’écart pour accomplir ma naturelle besogne. Le bonheur tient vraiment à peu de choses. Mister Kebab est arrivé en Audi dernier modèle. J’espérais qu’il engage la conversation mais il ne pipe mot. Je m’efforce de briser la glace. Dans son bureau, après que la conversation eut pris des allures plus fluides je lui montre le roman. Il veut me l’acheter mais, royal, je le lui offre. Il me demande alors comment il peut m’aider. Je réponds aussitôt « En me sponsorisant ! ».
A partir de cet instant la conversation va prendre des allures plus ou moins marécageuses. Ce n’est ni tout à fait la terre ni tout à fait la mer. Un fjord peut-être ou un de ces bras de mer qui luttent pied à pied avec la côte dans une sorte de tango corse.
Ici c’est le tango turc. Je dédicace le livre à mon interlocuteur qui ressemble de plus en plus à un de mes personnages. J’ai l’impression de rentrer dans mon roman par une porte dérobée.
« 5000 euros » je lui annonce. Mais tout monarque du kebab qu’il est il me répond aussitôt que « 5000 c’est énorme ». J’enchaîne : « Combien vous proposez ? »
Avec prudence il me dit qu’il préfère réfléchir et me donner une réponse sûre plutôt que de me faire de fausses promesses. Il me propose de trouver plusieurs sponsors pour l’opération. Comme je lui dis que je n’en connais pas il me dit qu’il me présenter son cousin qui est dans la frite. « Il a de l’argent précise-t-il, ça peut l’intéresser !»
Peu après il m’offre un café au distributeur automatique puis insiste pour me faire visiter ses installations. Mais des denrées Je ne verrai rien. Nous traversons des salles avec des emballages. Ici les pains, ici les sauces…Avec l’un de ses employés patibulaires Il finit par ouvrir la porte d’une chambre froide . » C’est ici qu’on entrepose les viandes ! » Je me contente de passer la tête à travers le rideau de plastique. « Il ne ferait pas bon être enfermé là-dedans ! » je dis en m’éjectant rapidement. « Il fait froid là-dedans ? » « Moins vingt degrés. » il me répond de façon laconique.
En me raccompagnant il me parle de la fabrication artisanale des broches en me vantant leur qualité supérieure. Aurai-je rencontré le Hermès ou le Enzo Ferrari du kebab ? Il me précise cependant que l’usine de Francfort produit 80 tonnes de Döner Kebab par jour.
En rentrant chez moi le soir je repense à ces 80 tonnes d’animaux sacrifiés et une envie furieuse me saisit. Redevenir végétarien.



CHAPITRE 4 : PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER
« Se lever tôt, travailler dur et faire sa publicité » était la célèbre devise du Dr Scholl. Des trois propositions je retiens davantage la troisième car bondir du lit dès potron-minet et tirer gloire du labeur n’ont jamais fait partie de mon art de vivre. Par contre j’aime l’idée de faire sa publicité. Cette profession de foi qui consiste à vanter ce que l’on a produit est encore mal vue. En Europe elle est associée à un mercantilisme sans frein, un désir éhonté d’hégémonie commerciale. Passe encore pour une marque de lessive ou de voiture mais l’affichage intempestif d’affiches et de slogans qui encensent une œuvre de l’esprit laisse planer sur l’œuvre en question un doute quant à sa qualité véritable. « Ce n’est pas de la culture disent aussitôt les contempteurs d’une production artistique ainsi promue, c’est du divertissement ! ». La vieille idée selon laquelle un artiste doive se contenter de créer et non colporter sur tous les toits qu’il a du talent à encore de beaux jours devant elle. Il y a aussi un vieux proverbe chinois qui dit « Travaillez dans la solitude et le monde entier tracera un chemin jusqu’à vôtre chambre ». Le genre de connerie qui mérite grandement d’être nuancée.
Il y a des jours pour vendre et des jours pour faire sa publicité. Je fais donc ma publicité malgré les regards incrédules, regards oscillant entre pitié dissimulée, indifférence polie et admiration amusée. Car en ce Samedi matin il semble que le Dieu des juifs ne m’ait pas accordé licence pour que je manipule de l’argent. Je suis donc comme Siddharta le héros d’Hermann Hess qui va de porte en porte pour simplement établir des liens. Et à ce jeu, avec mon chien sur les talons et mes exemplaires sous le bras je deviens plutôt bon. Je suis l’acteur d’un film que j’écris sur le livre que je suis en train de vendre. Il ne manque plus que la caméra.
Alors que vaillamment j’arpente les routes de la résidence je croise une femme avec un chien noir en laisse. Elle m’interpelle : « J’ai donné le livre que je vous ai acheté à lire à ma fille, elle a commençé mais elle n’a pas pu continuer, il y a trop de noms compliqués ! »
J’accuse le coup et sans paraître dépité je lui réponds que ce n’est pas grave, qu’un livre ça peut s’abandonner et se reprendre plus tard (intérieurement je pense que la fille en question ne doit pas être d’une façon générale une lectrice très assidue). La femme me quitte en me disant qu’elle va essayer de le lire elle-même.
Je continue mon chemin avec un doute qui me trotte dans la tête. N’ai-je pas pêché par trop d’érudition ? Ne devrai-je pas prendre comme modèle Barbara Cartland plutôt que Maupassant,Stevenson ou Henry James ?
Une directrice des ressources humaines au visage encore ensommeillé d’une longue course contre la fatigue mais plutôt sympathique avec laquelle je discute d’un ton complice et qui me promet qu’elle s’intéressera « plus tard » à mon livre, un père de famille qui m’assure qu’il ne lit guère, une femme qui vient d’emménager mais me propose de revenir la voir quand elle sera installée et ma journée se termine sans la moindre vente. Comme d’un autre côté je n’ai pas fait preuve d’un acharnement de gladiateur je me fais vite une raison.
Comme il faut bien se nourrir me voici sur le coup de sept heure en train de supputer de l’opportunité d’un poulet cuit aux pommes de terre rissolées quand une femme vient m’aborder : « J’ai acheté votre livre me dit-elle tout sourire, j’ai commencé à le lire, c’est captivant, c’est incroyable comme vous écrivez bien ! » Et elle se lance aussitôt dans une élogieuse analyse du roman allant même jusqu’à m’avouer qu’elle s’y est reconnue et qu’à travers les multiples références à la mode, à l’art, à la musique, et à la littérature dont le texte est émaillé elle a retrouvé un contexte et des situations familières.
Je vis l’une de mes premières expériences avec une lectrice admirative et je pourrais passer des heures à converser avec cette dame sur la « magie de l’écriture » mais afin de ne pas éventer en une séance le « mystère de l’écrivain » je parviens à prendre congé non sans lui avoir rappelé la séance de dédicace que je j’organise quelques semaines plus tard. « J’y serai » m’assure-t-elle les yeux brillants.
Cette rencontre m’a donné un soudain regain de confiance. Balayés les doutes sur la lisibilité de mon écriture et ses supposés « noms compliqués ». Et bien que mon chien se dirige déjà vers le terrain qu’il a l’habitude de renifler je fais preuve d’autorité et prend la direction opposée : le kebab qui vient de s’installer dans le no man’s land du centre commercial.
Je pénètre dans l’antre du cuiseur de viande avec l’assurance d’un épigone d’Anthony Robbins et me lance dans un éloge du kebab et de la lumineuse opportunité d’un restaurant à sa gloire dans une contrée aussi reculée. Je finis par montrer mon livre au patron (il dit que son nom signifie « sergeant » en turc) qui tout à la fois impressionné et conquis par mon numéro s’empresse de m’offrir un thé et une assiette garni de fines lamelle de la broche. Je déguste l’offrande entre deux compliments, la faisant même tester à mon chien qui n’est pas le dernier des critiques gastronomiques. « Il donne plusieurs étoiles à ce kebab » dis-je doctement à « sergeant » qui n’ose pas s’insurger alors que mon assistant à quatre pattes monte sur la banquette.
En prenant congé je me demande quand même, (et vu les avantages que ce statut d’imposteur peut procurer), pourquoi j’ai tellement attendu avant de devenir écrivain.



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Jeudi 19 avril 2012 : UN AMOUR DE CARTON
A l’occasion de la sortie de la seconde édition de "Abrakadakebab ou les aventures de Trabalzar" de Cyril Aslan Skinazy, Little Kim & Pierre Grégori investissent l’exposition « Interfaces » de Olivier Catté.
Concours de moustaches, Cocktails Taste of a Baby et Loukoums
de 18 à 21 heures (précises!)
GALERIE ALEXANDRE LAZAREW
14, rue du Perche (croisement rue Vieille du Temple)
Paris 3e - Métro Saint-Paul



CHAPITRE 3 : PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER
Il y a encore peu de temps j’étais écrivain. Maintenant je suis devenu colporteur. Mais un colporteur qui vend son livre. Je ne me fais pas penser à Dustin Hoffman dans « Mort d’un commis voyageur » le film tiré de la pièce d’Arthur Miller mais je ne sais pourquoi à Robert Mitchum dans « La nuit du chasseur », le seul film de l’immense acteur Charles Laughton. Il s’avère d’ailleurs par un soudain rappel de la mémoire qu’il y a de nombreuses années déjà lorsque j’étais en rupture de ban une énième fois avec mon père, le fils de ce mythe qu’était Charles Laughton m’avait prêté sa maison tout un hiver, maison je dois préciser sans chauffage ni électricité. Je m’éclairais à la bougie, prenais des douches glacées et dormais sous des monceaux de couvertures. Seul dans cette demeure de sept pièces dans laquelle chaque nuit il me semblait apercevoir des fantômes je passais pourtant des moments délicieux, dans une sorte de transe spirite permanente. Le fait de côtoyer les esprits, d’avoir à les affronter dès le soir tombé, contre toute attente m’exaltait. Un soir j’invitais un groupe d’amis de la fac de droit et avec la complicité de mon frère qui à l’époque était drôle mais déjà pervers nous avions monté un canular pour faire croire à l’un des convives réputé pour sa couardise que le lieu était hanté. En début de soirée je préparais donc les esprits en lâchant négligemment qu’il arrivait parfois qu’un hôte venu de l’au-delà manifestât parfois sa présence. Mais qu’ils se rassurent ils n’avaient pas à s’inquiéter car s’il était bruyant il n’avait rien d’agressif. A mesure que je parlais cependant je pouvais voir se dessiner sur le visage de mon invité « courageux » comme un léger voile d’inquiétude, voile qui ne fît que s’accentuer lorsque mon frère dans le garage commença à frapper les murs. Alors que les bruits se mirent à augmenter progressivement notre « victime » se décomposait et nous dûmes finalement le saisir à bras le corps, dans un fou-rire, pour l’empêcher de se jeter hors de la maison et courir à travers la forêt.
Pour en revenir à Charles Laughton ce n’est qu’à une époque récente (que j’appris qu’il était le père de ce voisin si hospitalier mort lui-même depuis longtemps déjà. Bien que la journée soit ensoleillée arpenter la résidence quelques siècles plus tard c’est comme redescendre sur terre après être passé de vie à trépas. Tout semble identique mais en vérité ces 600 hectares de jardins privés et de parties communes paraissent vidés de leur substance. Arbres tronçonnés comme il faut, haies taillées au cordeau, pelouses pareilles à des tapis d’Ispahan au-dessus desquelles flotte en rafale un vent désâmé. Les rues désertes en cet après-midi de semaine accentuent ce sentiment de se trouver dans une lointaine bourgade américaine au milieu des années cinquante. Je n’ai ni de chapeau noir à larges bord, ni une redingote de prédicateur, ni « love » tatoué sur les doigts d’une main et « hate » sur ceux de l’autre main mais j’ai mes livres sous le bras et je frappe au carreau de Serge, le voisin que j’avais jusqu’ici un peu évité car un je n’ai pas fini de lui payer la voiture qu’il m’a vendu pour une bouchée de pain (bon, quand tu seras en fonds m’a-t-il dit trop content de se débarrasser de son antiquité) et deux je me suis si outrageusement inspiré d’une rencontre avec sa femme que je crains qu’il n’en prenne ombrage. Néanmoins je lui lance un bonjour enthousiaste et lui présente les couvertures du roman en lui glissant que j’ai cassé la voiture et que j’ai besoin de vendre mon ouvrage pour la réparer. Il sort un mot vite oublié sur la question du véhicule et s’empresse de sortir des liasses de billets en me demandant si j’ai la monnaie. Je lui donne le livre non sans lui préciser que toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant existé serait purement fortuite. Puis je file sans demander mon reste, en riant intérieurement à la tête qu’il fera lorsqu’il lira le passage en question. Personnellement je n’ai jamais lu de roman dans lequel j’avais inspiré de manière flagrante un personnage. Et vous cela vous est arrivé ? Quel effet ça fait ?
Sur ma lancée je vais au Club de golf pour présenter le livre au barman marocain qui s’était déclaré intéressé lorsque je l’écrivais sur la terrasse ensoleillée. Je marche trois bons kilomètres ce qui ravit mon chien qui à l’arrivée peut gambader sur le green. Omar est au bar et me reçoit chaleureusement.
Au moment où je me lance dans mon numéro d’évangéliste une femme un peu ronde mais bien mise et qui en souriant affiche une dentition impeccable surgit. « Je suis Madame de la Garde « me lance-t-elle avec fierté « Je suis la femme du dentiste à qui vous avez vendu le livre, j’essaie de le lire » « Vous essayez ? « dis-je étonné « J’espère qu’il n’est pas trop difficile » « Non pas du tout « réplique-elle. « C’est que je n’en suis qu’au début » « Mon mari me l’a passé en me disant qu’il avait un écrivain parmi ses clients ».
Je ne sais pas si l’intervention de la femme du dentiste a joué, toujours est-il qu’Omar qui m’achète le livre et à qui je fais une dédicace me jure qu’il me fera une bonne publicité : « J’ai assisté à la naissance du livre » précise-t-il avec la connivence des initiés.



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Mardi 14 février 2012 : Lecture et Turkish Tea Party
à la Librairie Libres Champs

Signature et lecture du roman Abrakadabrakebab de Aslan Skinazy
Thé à la Menthe, Loukoums et Musiques de Bazar
Tags "Amour" & Parfums Battini
18 rue le Verrier Paris 6e (M) Port-Royal de 17 h à 21 h.



CHAPITRE 2 : PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER
On ne devient pas écrivain simplement parce que l’on écrit. On devient écrivain parce qu’on rencontre son public. C’est ce que cahin-caha je fais en traversant la ville, mes livres sous le bras et mon chien dans mon sillage.
J’ai à peine récupéré de la veille, mauvaise journée ou traversant un lotissement de pauvres et d’illettrés je n’ai pas réussi à faire une seule vente. Evidement les termes « pauvres et illettrés » peuvent à première vue sembler condescendant mais mettez-vous un instant à ma place, je n’ai pas trouvé une âme charitable dans cette longue rue sinistre bordée de maisons jumelées desquelles je me faisais rembarrer avec une indifférence même pas polie. Pas un seul de ces habitants n’a daigné jeter un œil sur les couvertures du livre dont l’une a la particularité au moins ironique d’afficher à la verticale sur le côté gauche les mots « World Best Seller ».
C’est de l’auto-suggestion m’a dit la libraire du vieux village qui il y a deux jours a vendu son premier exemplaire. Oui ai-je répondu doctement, sur un malentendu ça peut marcher, les optimistes jouent et gagnent.
J’étais parti de la maison avec quatre exemplaires sous le bras, quelques « Cook books » et deux autres exemplaires dans mon sac à dos.
Je n’étais pas mécontent de me délester à la poste d’un exemplaire pour la graphiste après que celui qui se fait appeler Dhöo m’ait vertement sermonné sur mon ingratitude.
Je voulais me diriger vers le golf ou je pensais trouver en la personne du barman marocain un excellent intermédiaire pour la promotion de mon ouvrage. Mais c’était compter sans l’esprit obtus et retors de mon animal qui ostensiblement tirait dans la direction opposée. Je cédais en me disant qu’avec un peu de ruse je parviendrais à retrouver l’itinéraire prévu.
Mais c’est à croire que ce chien sait mieux que moi où sont les zones qui recèlent de substantiels possibles. Quelques minutes après être arrivé au cabinet de la kiné je repartais avec un chèque. J’avais déjà fait le coup au dentiste, puis à l’assistante du dentiste. Je tentais le vétérinaire, essayais de faire la vente à l’assistante (jolie brune aux bleus, il est en vacances me dit-elle avec un regard candide) que j’oubliais de draguer, ratais de peu la seconde assistante qui me fit un grand sourire. Sur le chemin je repensais à la kiné et fut soudain assailli par un chapelet de doutes. Je me mis à penser à tous les gens à qui j’avais déjà vendu le livre et les imaginais se liguer contre moi pour me poursuivre puis m’attraper pour me faire juger par un tribunal populaire comme au moyen-âge et enfin m’envoyer sur le bûcher pour toutes mes infamies scripturales, on ne parlera même pas de littérature.
Je sonnais à une porte où un couple beau et chic vint m’ouvrir. Ils me dirent qu’ils n’étaient pas préoccupés de lire car ils préparaient une fiesta mais furent amusés par mon personnage. Vous me semblez très sympathique dit l’homme après que je lui eût fait un numéro de camelot digne du Grand Zampano. Je lui répondis que je cachais bien mon jeu car en vérité j’étais encore plus sympathique que je n’en avais l’air. Cela le fit rire mais pas suffisamment pour qu’il achète le livre.
Une belle voiture sur une descente de garage, je sonnais. Un homme ouvre la fenêtre et je fais aussitôt ma démonstration presque aussi bien que les vendeurs d’épluche-légumes miracle devant les Galeries Lafayette. Il commence par me dire que c’est sa femme qui lit puis comme j’y vais du « roman si palpitant qu’on se croirait dans un film » il accepte d’y regarder de plus près. Quelques minutes plus tard après que nous nous soyons échangés plusieurs billets (la transaction semblait ne jamais vouloir finir, on se serait cru dans un jeu de bonneteau) sans parvenir au compte juste, la vente est enfin faite.
Au moment où j’écris ces lignes je suis incapable d’évaluer les raisons pour lesquelles les gens achètent un livre. Une chose est certaine : vendre un livre directement à son lecteur est une expérience unique.
L’esprit du livre se répand insidieusement. Pourvu qu’il contienne deux ou trois choses essentielles il possède un pouvoir mystérieux, une faculté de conquête des esprits parfois irrésistible. Mais au fond inexplicable. Je remonte vers la maison. Je pense dîner tôt car j’ai sauté le déjeuner. Je traverse en vitesse la rue juste devant une voiture que je reconnais C’est la Mitsubishi combi quatre roues motrices que j’ai abordée il a trois jours pour faire une vente de haute volée. Le conducteur baisse la vitre, je m’attends au pire. Et alors que sa femme et lui me lancent un sourire radieux il me dit : « J’ai commencé à lire le livre. C’est génial, j’adore ! »



Samedi 17 mars 2012 : Lecture et signature du roman Abrakadabrakebab
A l’occasion de la sortie du roman de Aslan Skinazy, les éditions Archibald & Archibald Publishers et la Librairie de la Cour vous convient à une signature de 15 h à 17 h. La Librairie de la Cour, Cour Villarceau à Lésigny de 15 à 17 heures.



CHAPITRE 1 : PROMENADE AVEC MON CHIEN ET MON BEST-SELLER
Il y a une semaine je n’en menais pas large. Il y a une semaine vendre mon bouquin en porte à porte relevait de l’aventure périlleuse et incertaine. Périlleuse car ma réputation s’en trouverait particulièrement entachée. Mais il fallait bien se rendre à l’évidence : il y avait belle lurette que je n’avais plus aucune réputation. Quant à « incertaine » depuis le jour où j’avais écrit la première ligne de ce que j’envisageais comme « le livre » qui allait me propulser au firmament de la gloire je n’avais cessé de douter. Ce roman tortueux auquel j’avais consacré deux ans de mon existence – rien d’exceptionnel après tout pour quelqu’un qui se prétend écrivain- m’apparaissait terriblement bancal, à la limite de l’imposture. Il était plein de voies sans issues, de zones d’ombres, de questions sans réponse, de pistes inachevées qui se perdaient sans raison dans les méandres d’une histoire complexe. Je craignais de dérouter le lecteur, de le décevoir terriblement ou pire qu’il abandonnât le texte en cours de route incapable d’adhérer à un scénario qui sentait le factice. Pour me consoler je me disais que certains esprits fins pouvaient y voir une parodie déguisée de roman d’aventure, une mise en abîme qui dépasserait une intrigue mal ficelée. Mais j ‘avais beau me rassurer je ne pouvais m’empêcher de penser à la réponse négative d’un important éditeur parisien qui m’avait- à une vitesse étonnante- renvoyé mon livre intact (il ne semblait même pas avoir été ouvert) se disant « pas convaincu ». En même temps ce verdict « pas convaincu » était loin de me convaincre à mon tour. Ça sentait le Gide « pas convaincu » par Marcel Proust, le Théophile Gautier « pas convaincu » par Rimbaud , le Salieri « pas convaincu » par Mozart, l’Edison pas convaincu par Tesla. C’est en tous cas ce que je me disais dans un bref sursaut d’orgueil avant d’apporter à mon astéroïde littéraire quelques modifications pour éviter au moins de le voir rangé dans la catégorie des romans de gare, et pire des romans de gare ratés. Pourtant, malgré ce profond pessimisme initial la vue du livre imprimé avec sa parfaite couverture glacée, le logo stylé de la maison d’édition « Archibald and Archibald Publishers » qui faisait vénérable maison anglaise, je regagnais un peu d’assurance. Je me consolais en me disant que même si le roman était mauvais au moins l’objet était beau et les acheteurs pourraient le poser sans honte sur la table du salon. C’est dans cet état d’esprit que depuis quelques jours, armé de mon courage(ou de mon inconscience) de mes baskets dépareillées, de mes livres sous le bras, flanqué de mon chien je traverse les rues du village et les jardins de la résidence et je m’en vais sonner aux portes comme un colporteur du Far-West proposant un élixir de jouvence ou une crème de beauté miraculeuse.